C’est au creux de la nuit, ce sont de grandes tasses de thé brûlant, le  thé de Ceylan parfumé à la rose, à l’orange et à la pomme, celui que M.  m’a ramené d’Allemagne. Je travaille presque correctement, dans mon pull  noir de danseuse étoile, avec les Converse de ma soeur aux pieds,  derrière mes lunettes qui me rendent plus sévère. Le travail et  l’attention concentrée sur les textes de politique m’occupent  suffisamment pour cacher le grand vide béant, comme si le trou laissé  par la balle du revolver était recouvert d’un baume d’herbes : ça ne  guérit pas la blessure de façon immédiate, mais ça en atténue lentement  la douleur.
Je cherche cette douceur du baume, en attendant que la chair se  reconstitue sous la peau enveloppe et que la vie reprenne.
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