mercredi 29 décembre 2010

Parce que quand je n’ai plus d’issue, quand je me sens perdue, quand l’espoir disparaît – je n’ai que la possibilité de l’échappée, la possibilité d’oublier. Je dors pour ne pas penser. Je reste le plus longtemps possible à table avec mes parents. Je regarde des films fleuves trouvés sur l’étagère de dvds (Le Patient anglais). Je prends la voiture et je vais passer mes après-midis avec Noroise. Sur le trajet je roule vite, je veux n’être concentrée que sur la route, je tiens ferme le volant et j’appuie très fort, le moteur fait du bruit (j’imagine la Mustang Flashback GT ’67 de Steve McQueen), sur les routes de campagne où deux voitures ne se croisent pas sans ralentir je frôle les 120, je sais bien que c’est idiot, je sais bien que le jeu est dangereux, mais c’est la seule façon que je connaisse de me mettre en danger et d’avoir peur. Je ne suis pas un garçon, je ne peux pas me battre. J’aurais aimé être un mec juste pour me battre. Pour savoir ce que ça fait de mettre son poing sur le visage de quelqu’un. Pour sentir mon corps. Pour que sorte la violence autrement que dans les mots, les cris, les crises, les pleurs. C’est difficile et épuisant d’être une femme, d’aimer sans cesse à la folie, de ne pas connaître les demies mesures, de se sentir vidée à chaque rupture. Je passe d’un calme extraordinaire à des moments d’énervement et d’angoisse irréparables. Je dérape. Je pleure, je ravale mes larmes, je ris, j’éclate en sanglots. Une parfaite cyclothymique – j’ai cherché la définition exacte : CYCLOTHYMIE (n.f. du grec kuklos et thumos « état d’esprit ») anomalie ou constitution psychique qui fait alterner les périodes d’excitation (instabilité, euphorie) et de dépression (apathie, mélancolie). Avec toi la même chose : je me sens d’une douceur inouïe, j’ai envie de me donner, de t’attendre, de t’accompagner, de t’aider, de te protéger, de t’aimer – et soudain je t’en veux, je suis déçue, tu n’es pas à la hauteur, tu es désagréable, tu ne réagis pas comme je le voudrais, tu rentres dans mon jeu de la jalousie et de l’obsession, tu me tiens rigueur de ce que je ne contrôle pas et de tout ce que je déteste en moi. Je ne sais pas à qui va la faute ; cette situation est tellement compliquée. Je ne sais pas vraiment comment faire. Je ne sais pas comment l’amour devient amitié. Je ne sais pas si c’est même possible. J’y crois parce que nous avons tous les deux dit que nous voulions l’amitié de l’autre. J’ai relu tout ce que tu m’as écrit, nos trois mois d’amour dans des emails, j’ai tout relu et je ne comprends toujours pas pourquoi nous ne nous aimons plus. Je croyais qu’on s’aimerait malgré tout, je croyais qu’on s’aimerait même si la relation ne se réalisait pas. Il y a un mois encore tu disais : « j’ai hâte de te revoir mon amour ». Comment tes sentiments ont pu se retourner si vite ? Je n’en sais rien. Je ne comprends pas. Je subis. Je tais le désir, je tais le manque, je tais l’amour. Mes efforts en ce moment c’est ça. Ne plus dire que je t’aime. Ne plus croire à notre amour. Ne plus attendre. Ne plus espérer. Mes efforts ce sont d’abord ceux-là, et oui peut-être, trop souvent, j’ai des crises de jalousie, je deviens obsessionnelle, je cherche à tout prix à te retenir (alors qu’il faudrait laisser filer), mais je ne peux pas si tôt tuer tout l’amour que j’avais pour toi. J’ai besoin de temps, quand tu voudrais déjà que notre amitié soit parfaitement réglée, que jamais je ne m’inquiète. Il faut encore et encore que tu me rassures. Il faut que tu sois là. Il faut que tu me répondes. Il faut que tu agisses pour cette amitié. Je ne peux pas m’en sortir face à cette brutalité des sentiments, l’amour interrompu, l’amour éteint, l’amour interdit. Je crois aller plutôt bien, parce que je suis occupée, parce que les projets ne s’arrêtent pas, parce que j’ai l’énergie qu’il faut pour travailler, construire, réfléchir. Je vois mes amis, et j’ai l’air d’aller à peu près bien. Moi je sais que je suis rompue à l’intérieur. Je sais que je pourrais laisser aller et que je m’effondrerais. Je sais que je t’aime encore à la folie. Je sais que je suis au point de rupture. Je sais que si la fatigue lourde et permanente surgit – je plongerai. Je connais les abysses de ma tristesse. Je connais ces gouffres dont je ne ressors que difficilement. J’ai peur de sombrer. J’ai peur de ne pas y arriver avec toi, j’ai peur de perdre l’espoir, j’ai peur de tout abîmer, j’ai peur de ne pas réussir. J’ai tellement peur. Et il n’y aurait que tes bras pour me serrer et m’enlever ma peur. Mon amour, encore toujours mon amour. J’ai eu tellement confiance en toi. Je me suis tellement donnée, si vite, je t’ai tellement tout dit, j’étais là immédiate sans plus aucune protection, sans plus aucune retenue, j’étais là devant toi et je t’aimais et – tu m’as aimée, il paraît. Je ne sais même plus si c’était vrai. Est-ce que tu m’as aimée ? Est-ce que tu m’as aimée ? Dis, est-ce que tu m’as vraiment aimée ?

Je vais les faire les efforts nécessaires, je vais ravaler ma tristesse, mes angoisses, mon amour pas terminé, je vais tout rentrer en moi, ou plutôt tout exploser, tout faire jaillir, je vais l’éclater cet amour et je serai vide, je serai vide mais je serai prête pour autre chose avec toi. Cette semaine tout se joue : je n’écrirai pas, je ne parlerai pas, je resterai silencieuse jusqu’à ce que tu reviennes vers moi. Reviens. Reviens. Si tu m’oublies, je serai détruite. Comme dans la citation de Proust sur la première page de ton agenda. Notre chance est là : à moi de rester dans le silence, à toi de montrer que tu tiens encore à moi. A toi cette fois de trouver des mots, de re-sentir la douceur qui existait – le premier soir de juin, tu te souviens du premier soir de juin, est-ce que je l’ai écrit ça déjà ici, que tu étais venu à un rendez-vous anonyme, que tu ne savais pas que ce serait moi, que nous avions bu et encore bu aux Editeurs, que nous avions continué à la Soif, que nous ne pouvions pas nous séparer devant le métro, que tu tenais mes mains, que tu m’embrassais sur les joues sans te décider à partir, que tu mourais d’envie de m’embrasser vraiment ? Est-ce que tu t’en souviens de cette soirée là ? De toutes celles qui ont suivi… je t’aime, c’est si bête, je t’aime encore, je ne sais pas quoi faire, écrire, pleurer, crier, dire l’amour, dire l’amour, le dire à qui, tu ne l’entends plus, tu n’en veux plus, est-ce que j’ai le droit de t’aimer encore, est-ce que mon amour peut encore exister ?

Une fois encore, je te fais confiance. C’est toi qui vas décider. Je m’effondrerai ou je m’en sortirai.

Les après-midis, juste avant que la nuit ne tombe, j’ai passé des heures immenses avec Noroise, j’ai mis sur ses membres de l’argile, les mains dans la pâte grise humide, étalée sur ses tendons, j’ai mis des cotons et puis des bandes de repos, du goudron sur la sole de ses pieds et de l’huile sur ses sabots, j’ai mis les mains dans tout ça, dans les crins, dans les cuirs, dans la paille, dans l’eau, j’ai travaillé les têtes-au-mur, la longe en élastiques, les arrêts, j’ai parlé à Noroise, je lui ai tout raconté, et comme une folle gentille je lui ai dit mes secrets lorsque nous faisions le tour du Rouget, elle et moi à pied, elle avait de l’herbe plein la bouche et ses lèvres vertes dégoulinaient, je disais « ma belle ma chérie mon amour ma précieuse » et je lui murmurais qu’un jour tu viendrais, un jour tu la verrais. Ma jument me sauvera, dans tous les cas.

jeudi 23 décembre 2010


Je sais pourquoi. Je sais que lorsque tu m’aimais, tu pouvais partir avec tes amis dans de grandes maisons de vacances, tu pouvais partager ton lit avec une jeune fille, tu pouvais prendre tant de verres que tu voulais avec tes copines, je ne disais rien, je ne m’inquiétais pas, de quoi me serais-je inquiétée puisque tu m’aimais ? Puisque tu revenais toujours vers moi ? Puisque tu disais : « c’est toi que j’aime, toi que je désire, toi que je veux embrasser et faire jouir ».

Aujourd’hui, tu ne m’aimes plus. Et je passe mon temps à être jalouse. Des gens que tu vois, du temps que tu leur donnes, des mots que tu leur écris. Parce que j’ai peur de ne plus exister pour toi. Parce que je voudrais des preuves que tu tiens encore à moi. Il y en a eues, je sais bien qu’il y en a eues. Nous nous sommes vus plusieurs fois à Paris, tout un week-end à Londres tu m’as gardée près de toi. Il faut continuer à marquer ça, continuer à dire : « je tiens à toi, je ne veux jamais te faire de mal, je veux être là toujours pour toi ». Il faut le répéter interminablement, chaque jour. Me convaincre de ça, pour que je n’ai plus cette peur panique des autres, des ami(e)s, du temps que tu passes avec eux et pas avec moi. Il faut que je sache que nous adorons, pour ne plus être angoissée par la peur de te perdre.

J’écris chaque jour la même chose, c’est pathétique. Et pourtant je sais que je parcours dans le bon sens le chemin nécessaire pour sortir de la rupture. Je t’aime encore, mais je ne te désire plus. Tu me manques seulement parfois le matin dans les draps chauds. Je comprends certaines choses chaque jour. Je sais déjà que cette semaine je ne t’écrirai presque pas. Que je ne voudrai rien te dire, tant que tu n’auras rien dit. Je sais que je serai trop occupée pour ne penser qu’à ça (dans deux heures le grand plongeon dans les cours, les entretiens, les réunions, les soirées – j’ai pas envie d’y aller). Je sais que je te ferai confiance : pour m’écrire bientôt, pour qu’il ne se passe rien de ce qui m’effraie le week-end prochan. Je vais te faire confiance. Si tu me trahis, si tu me déçois, je ne me relèverai pas.

Hier soir je t’ai envoyé des mots doux, des mots qui murmuraient « rentre bien, take care, je t’aime, je pense à toi, je t’embrasse » – tu ne m’as pas répondu. Tu n’as même pas dit que tu étais encore à Paris jusqu’à ce matin. Tu n’as pas répondu. J’étais douce, pourtant. Tant pis, j’attendrai. Je suis une femme qui attend.

lundi 20 décembre 2010

Manifeste.


J’ai commencé à écrire l’année de l’hypokhâgne. J’avais 18 ans et j’écrivais au stylo plume dans un carnet Muji à couverture beige. Deux ans plus tard, je me suis attaquée à l’écriture en ligne. J’avais des amis qui écrivaient, qui tenaient des journaux en ligne (et jamais intimes). Je connaissais les risques d’avoir un endroit soi-disant à soi, alors que tout est exposé. Je savais que les lecteurs ne sont pas tous bienveillants. J’avais entendu parler des attaques menées contre l’écriture intime. J’ai créé un premier site que j’ai tenu à jour d’août 2005 (d’abord le carnet de la Sicile) à février 2007. J’ai arrêté pour des raisons pratiques (mon ordi a planté, je n’ai pas eu Dreamweaver sur le nouveau, je n’avais plus le temps de faire du html et le format d’un blog correspondait mieux à la forme que je voulais donner à mon écriture) et j’ai arrêté d’y écrire parallèlement à une rupture. Je voulais passer à quelque chose de neuf, dans ma vie comme dans mon écriture. J’ai alors ouvert le blog .. . et parce que j’écrivais depuis trois ans, parce que j’avais envie de donner mes textes davantage à lire, parce que je voulais partager et tisser des résonances, des correspondances, atteindre d’une façon positive ou négative des lecteurs par mon écriture et ma façon de ressentir le monde, j’ai commencé à diffuser l’adresse de mon blog. Pas à mes amis. Mais sur des cercles de bloggers, sur des sites de recensement, et même jusqu’à facebook. Sur mon profil facebook, il y a l’adresse de mon blog. C’est un choix mesuré, réfléchi, empreint du danger sous-jacent. Toutes les personnes que je vois chaque jour, en cours, sur des projets, à des soirées, ont accès à ce blog. Ce blog d’écriture personnelle, ce blog aux aspects intimes, ce blog d’invention également. Les mots réinventent. Les mots transforment. Les mots construisent une autre vérité, leur vérité propre, une vérité qui n’est pas réelle, qui n’est pas matérielle, qui n’est pas factuelle. Je sais que le danger consiste à ce que certains lisent ces textes dans l’espoir d’y trouver les faits, d’y reconstituer ma vie, mes relations, mes histoires amoureuses.
Plusieurs fois, j’ai été attaquée : il y a eu ce garçon qui me traitait ouvertement et publiquement de fille facile, expliquant que mon blog révélait tout et que ma réputation (quelle réputation ?) se confirmait dans mes textes en ligne. C’était sans doute un coup de bluff. Puisque dans mes textes, je fais très attention à ce que je laisse passer. Je sais à quel point une réputation peut gâcher quelques années d’étude. Je connais les limites. Je sais que je ne suis pas attaquable. Je sais qu’on ne peut rien dire d’autre que : j’aime les garçons à la folie. Il y a d’autres choses à savoir ? Des détails plus croustillants ? Oui bien sûr. Mes expériences sexuelles ? Oui bien sûr imaginez tant que vous voudrez, fantasmez, inventez. Il y a des choses cachées, il y a des secrets. Amusez-vous à les découvrir. Cherchez. Retournez bien tout mon passé. Mon « historique ». Je n’ai pas de réputation, je n’ai pas peur, les secrets ne sont gardés que par des personnes en qui j’ai confiance.
Et puis il y a eu cette nouvelle attaque, ce jugement porté envers l’amour que je vivais, une jeune femme qui croyait mieux savoir – mais mieux savoir par rapport à quoi ? Par rapport à ce qui paraissait dans mon journal ? Je le redis, ce journal est personnel. Il ne concerne que moi. Il n’est écrit que par moi. Il n’est pas objectif mais entièrement subjectif. Il s’inspire de mes ressentis, de mes sentiments, de mes sensations. Et une jeune fille qui me connaît à peine ose me dire que mes perceptions sont fausses ? Mais mes perceptions sont miennes. Mes perceptions m’appartiennent. Mes perceptions n’engagent que moi, pas la personne en face.
Enfin cet été, j’ai souvent écrit ma relation amoureuse nouvelle et extrêmement heureuse. J’ai beaucoup écrit l’amour, le désir, l’entente, les moments partagés. Depuis quelques semaines, j’écris la rupture, la déchirure, le sentiment d’abandon, la douleur, la colère, l’incompréhension. Toute ma relation avec lui semble là. Semble, seulement. Ce sont mes mots. Ce ne sont pas les siens. C’est mon interprétation. C’est ma voix unique, son point de vue n’a pas sa place sur mon seul espace de liberté, son droit de réponse n’existe pas. Je suis seule sur ce blog. Je suis seule à écrire et livrer une perception de la relation. Et pourtant, pourtant, certains ont osé venir chercher ici le fin mot de l’histoire ? Certains ont cherché à connaître son nom ? Certains ont voulu savoir s’il s’agissait de lui, ou de K, ou de je ne sais qui d’autre ? Mais vous n’avez rien compris. Vous n’y êtes pas. Mon blog ne sert pas à ça. Mon blog ne sert à rien. Mon blog n’est qu’un lieu d’écriture. Mon blog n’est pas un lieu de déballage. Vous voulez savoir ce qu’il en a été, ce qu’il en est ? Ecrivez moi, demandez moi. Ecrivez lui aussi, posez les questions qui vous obsèdent.

Les faits, vous les voulez ? Réjouissez-vous, léchez-vous les lèvres, et que ça bave, et que ça dégouline, je vais vous dire ce soir. Je vais vous dire que je l’ai rencontré en juin, que nous nous sommes aimés très vite, que nous avons passé des moments inouïs, des nuits inégalables, et que des choses très particulières nous ont unis. Je vais vous dire qu’il m’a aimée, qu’il m’a désirée, que tout était sincère, qu’il ne m’a jamais trompée. Je vais vous dire qu’un jour, il ne m’a plus aimée. Qu’un jour, son amour s’est atténué. C’était au début du mois de septembre. C’était le 9 septembre. Notre tendresse l’un envers l’autre est restée. Et puis il y a eu des crises, beaucoup de crises, depuis quatre semaines il n’y a eu quasiment que des crises. Mais la tendresse aussi toujours, et retrouvée, et là. Plus que tout, plus que tous vos ragôts et vos putains de conseils ne veulent le laisser croire, nous tenons l’un à l’autre. Et ça ne regarde que nous. Et vous n’avez pas à chercher les détails auprès de vos amis, ni au travers du blog. Demandez moi. Ecrivez moi, je réponds facilement. Je vous les donnerai les détails, et au moins ces détails seront la vérité. Ca vous empêchera de croire qu’il m’a trompée, ça vous empêchera de raconter tout et n’importe quoi. Lorsque je suis allée à Londres en septembre, nous n’étions plus ensemble de jour – mais encore ensemble la nuit. Trois semaines après notre rupture, j’ai été oubliée et remplacée. Aujourd’hui nous sommes séparés, et j’ai été quittée. Voilà, il faut que je le dise, que je l’écrive, pour que tout le monde soit content ? Il faut que je m’humilie à vous avouer ça pour que vous sachiez bien tous les détails, pour que vous soyez rassasiés ? Voilà, c’est fait. Et aujourd’hui nous sommes des amis. Je le respecte, je l’admire plus qu’il ne le sait, j’ai encore tant de choses à apprendre de lui au travers de notre amitié, je tiens à lui. A lui comme à mes amis intimes. J’accepte sa nouvelle relation, qui ne me regarde pas. Lui comme moi, n’avons aucun conseil à recevoir de qui que ce soit. Nous savons ce que nous faisons. Nous décidons de ce que nous faisons. Et là, nous croyons à cette amitié. Rien d’autre à ajouter. Les fais sont là, régalez-vous.

Je sais bien que personne n’a écrit quoi que ce soit et que ma réaction ce soir est violente. Je sais bien que ce ne sont que quelques rares personnes qui sont visées, quand l’essentiel des lecteurs a compris – qu’on lit mon écriture, pas ma vie. Qu’on commente mon écriture, ma perception, mon ressenti – pas ma vie. Mais tout s’est tellement dit. Tout s’est tellement su. Mal su. De façon déformée. Il fallait rétablir. Il fallait dire la beauté de notre relation, l’intensité de notre relation, la sincérité de notre relation. Il fallait dire la fin de notre relation, l’horreur et la douleur d’être quittée, et que je n’ai pas à avoir honte. Personne n’a le droit de salir ça. C’était là. Ca a existé. Autres temps, autres sentiments : il ne m’aime plus. Je l’accepte. Je prends, j’avale, je supporte, je survis. Les bruits, les murmures et les rumeurs me mettent dans une fureur qui me donne toute l’énergie de surmonter la difficulté. Je le dis, je le redis, je l’affirme encore et encore et encore et toujours : agressez-moi, mêlez-vous de ce qui ne vous regarde pas, trompez-vous dans la façon de lire mes textes – j’en serai plus forte, j’en serai plus déterminée, j’écrirai encore et encore et davantage, je transformerai la réalité dans mes textes comme je l’ai déjà fait, et comme vous n’avez rien vu, et je continuerai à écrire même ce qui dérange. Il n’y a que moi qui sache, et lui, et personne d’autre. En lisant mon écriture, vous ne savez rien.

vendredi 10 décembre 2010

La neige n’a pas bloqué seulement les routes, mais également les voies ferrées et les aéroports. Retards dans les trains, avions annulés… c’était vraiment la « pagaille » dans les transports en commun mercredi en fin de journée. La SNCF et la RATP ont fait état jeudi en fin d’après-midi d’un retour à la normale sur leurs réseaux. A Roissy comme à Orly, Aéroports de Paris (ADP) a annoncé un « retour progressif à la normale », signalant toutefois « des retards d’une à deux heures en moyenne ».

mercredi 8 décembre 2010

Le mot « patronyme », d’origine grecque, signifie « nom du père ». Il peut désigner deux sortes de nom différents :

* le nom de famille Page d'aide sur l'homonymie est un nom héréditaire qui se transmet de parent à enfant, en principe inchangé sur plusieurs générations ;
* le nom patronymique est, dans certaines cultures, le prénom du père d’une personne rappelé avec le prénom propre de cette personne (typiquement Xxx, fils de Yyy ou ben Yyy) ; il change donc à chaque génération.

jeudi 2 décembre 2010

Corps blessé.


Je voulais à tout prix monter Noroise ce soir. Pour penser à autre chose, pour m’occuper l’esprit. Je tenais à monter à cheval, et puis bon, ma jument je dois m’en occuper, que j’aille bien ou pas. Alors je suis allée monter malade, fiévreuse, fatiguée et sans voix. Sans force. Je n’arrive pas à manger le matin, le midi un peu, le soir encore moins. J’avais déjeuné vers 13h, pas assez sans doute. Je me suis retrouvée devant les obstacles en ayant faim, pas loin de l’évanouissement. Noroise a beau être douce et adorable lorsqu’on s’occupe d’elle – une fois sous ma selle elle devient impitoyable. Ou très intelligente. Les chevaux, lorsqu’ils ressentent le mal-être du cavalier, en règle générale s’adaptent et se montrent plus dociles. Noroise fait le contraire. Lorsqu’elle me sent faible, absente, elle n’a qu’une idée en tête : en profiter, jouer, reprendre sa liberté. La détente s’est bien passée. Lorsque les chevaux ont commencé à passer les barres, Noroise s’est énervée. Coups de dos à chaque fois qu’un cheval sautait. J’ai eu droit à une séance de rodéo, comme celles dont j’avais l’habitude l’hiver dernier. Je reste en selle maintenant, elle ne peut plus vraiment me faire tomber dans ces cas-là. Mais sur la première barre je suis mal arrivée, la foulée n’était pas bonne, le premier saut a été déséquilibré et Noroise a dérobé devant le suivant. Je n’ai pas suivi son écart. J’ai glissé devant contre son encolure. Je suis tombée, violemment, de très haut, de Noroise qui était lâchée en coups de dos dans le fond du manège. Je ne me suis pas fait mal mais j’ai pleuré immédiatement- c’était les pleurs de la rupture, de la douleur et du manque, pas de la chute. Je suis remontée, mon visage plein de sable. Je suis retournée sur les obstacles. Noroise n’a pas arrêté de dérober, et je n’avais aucune force pour la conduire, pour faire barrage à ses écarts. Dans mes bras il n’y avait rien. Mon corps trop léger ne tenait plus. Je tentais simplement de rester sur son dos. J’ai fini par sauter le premier obstacle, de l’arrêt. J’ai été projetée sur son encolure, je n’ai pas pu suivre le second saut. De tout là haut, de deux mètres peut-être, je me suis vue partir vers l’avant, la tête en premier. J’ai touché le sol et Noroise est passée sur moi. Je me protégeais de mes bras. J’avais ma bombe et mon protège-dos. Je ne pouvais plus me relever. Je pleurais et je ne voyais plus rien. Le bas de mon dos était douloureux. Je me suis remise debout, tout doucement, avec Céline qui m’accompagnait. Céline qui savait si bien que je ne dors plus, que je ne mange plus, que je crève de douleur. Je ne suis pas remontée, j’ai laissé Diane reprendre ma jument qui a très bien sauté ensuite.

Je voulais monter à tout prix pour oublier, pour penser à autre chose, pour retrouver ma jument. Ma jument folle, ma beauté irraisonnable, ma guerrière. Je savais que j’étais vide, exténuée, très faible. Je sentais les vertiges, le besoin de me nourrir, la force absente. J’ai voulu monter, pourtant. Je suis rentrée ce soir la lèvre éclatée, du sang plein la bouche. Maintenant ma lèvre est bleue et gonflée. J’ai des bleus, des traces de toutes les couleurs et de toutes les tailles sur une jambe. J’ai un muscle de la cuisse élongué. Surtout, j’ai eu le coccyx frappé tellement fort que marcher, m’asseoir, me baisser ou me pencher est une douleur. J’ai voulu monter, à tout prix ; j’ai voulu monter, pour oublier. Je me suis blessée parce que je n’avais pas la force, parce que je n’aurais jamais dû. Je suis rompue, ma lèvre saigne tellement que je ne peux pas manger beaucoup plus, je porte toute la fatigue de la semaine et des nuits sans sommeil sur mon visage – ce soir j’ai eu peur, j’ai eu peur en tombant, j’ai cru mourir. Et peut-être que je le cherchais.