mercredi 30 juin 2010

Faire des efforts – personne ne paraît sensible.
Dissimuler les gigantesques vagues d’angoisse qui naissent sans raison – personne ne devine ça.
Je suis épuisée par le stress, les nuits trop courtes, l’attente, le manque d’espoir et de raison, les décharges flagrantes et fulgurantes d’absurdité – chacun répète que j’ai l’air superbe, bronzée, reposée – et pourtant, à l’intérieur, je suis sûre que c’est gris et à l’état de ruines.
M et P sont là, c’est à peine suffisant. Je n’ai plus envie de parler sans cesse, à chaque instant, de cette tristesse-là. Aucun apaisement ne vient. Je me lève chaque matin avec la même envie de vomir, je me couche chaque nuit avec le désir de ne plus rien avoir en tête. L’esprit vide, nu, ouaté.
Et puis les types m’emmerdent. Il y a ceux qui mènent un double jeu, ceux qui fuient, ceux qui s’en foutent, ceux qui ne veulent surtout pas se mouiller. Ca devient fatigant de faire tous les efforts, d’aller vers eux pour ne jamais rien recevoir. « Suis moi je te fuis, fuis moi je te suis »… on a passé l’âge de jouer à ça, n’est-ce pas ? Il faudrait n’aller toujours bien que seule, s’acceptant, s’estimant, n’ayant jamais besoin de leur regard ni de leur amour. J’ai su faire ça, j’ai su la douceur envers moi-même, le refuge trouvé même en l’absence de mains posées sur ma nuque. J’avais cessé de pleurer chaque nuit. Cette douceur à retrouver.

lundi 28 juin 2010

Face à l’absence de sens, il y aurait la tentation de faire illusion, de façon superbe et arrogante, il y aurait une allure de défi à l’égard de la vie absurde – est ce que cela est plus valable que l’état de doute, la remise en question et la fébrilité permanentes ? Je ne sais pas quelle attitude adopter. Je ne sais pas dans quel sens repartir. Je pourrais plonger la tête dans le travail, il y aurait de quoi faire – je pourrais me nourrir de livres et de films (ingurgité ce week-end du Camus, Brooklyn Follies, All the President’s Men, Volver, Cruel Intentions…) – je pourrais aller au travers de tout en gardant la tête haute et en méprisant le monde entier, mais je n’ai plus vingt ans. Ca ne suffira plus de se croire belle, désirée, invincible. Se donner au naturel : j’ai trop été blessée. Alors, quelle attitude ?

dimanche 27 juin 2010

On y va pas à pas, mais on y va et j'aime beaucoup...

samedi 26 juin 2010

Je ne sais même plus faire semblant. Je souris, un peu, j’écoute, très vaguement, je prends part lorsque ça m’intéresse, quelques fois. Mais ça ne m’intéresse pas. Ca m’ennuie même profondément. J’ai envie de rire, de jouer avec les mots les regards les amants, parce qu’il vaut mieux se réfugier dans l’humour et l’imaginaire que d’écouter les bêtises des filles (garçons, cheveux secs, pointes abîmées). Et puis fondamentalement, je crois que ce dont j’ai envie, c’est de flamboyance, d’énergie et d’élan. Il n’y a pas de demi-mesure à tolérer. Il n’y a pas de temps à laisser couler dans le vide. Il faut aller chercher l’intérêt de chaque chose, il faut que ça brille un peu plus pour que je raccroche, il faut que tout ça retrouve de la couleur.
Je suis partie dans ma grande maison, les vieilles pierres, les murs frais, et je vis très bien seule avec mes bouquins les fenêtres ouvertes sur les champs – revenir à soi.

vendredi 25 juin 2010

L’effervescence est retombée – le vide surgit à nouveau – l’absurdité saute au visage. Je relis Le Mythe de Sisyphe, bien sûr que Camus fait écho à ma douleur mais ça n’apporte aucune réponse. Je sais seulement répéter qu’il y a une absence totale de sens dans ce que je fais, qu’il n’y a aucune direction, aucune ambition, que tout se fait avec un sentiment d’inutilité et de vacuité.
Il me dit : tu es belle, tu es intelligente, tu es à Sciences Po, sois heureuse. Et alors ? Je n’en crois pas un mot. Je suis belle pour qui ? Y a-t-il quelqu’un qui m’aime ? Et puis ça sert à quoi d’être à Sciences Po, si ce n’est à s’en vanter ? Ca ne fait rien construire. Rien ne surgit de ce que je fais. Les études me semblent de plus en plus abstraites, elles me passent totalement au-dessus de la tête. Je voudrais aider, je voudrais construire, je voudrais m’engager, je voudrais être utile. Je veux agir avec d’autres personnes, je veux aller vers les autres, je veux être ici pour quelqu’un et que cela même donne un sens.
Mathilde hier m’a donné un bout de réponse que je crois valable : un jour il y aura l’enfant. Lorsque l’enfant est là on existe pour lui, on l’accompagne, on l’emmène, on lui apprend l’humanité, l’amour des autres. L’enfant ne constitue pas exactement une raison de vivre, mais il interdit de renoncer – quoique, ses deux enfants enfermés dans la chambre d’à côté, ça n’a pas empêché Sylvia Plath d’ouvrir le gaz dans sa cuisine. Peut-être qu’il faut avancer vers ça, penser à cet enfant un jour, mais peut-être que ça aussi c’est une illusion. Il n’y a rien à trouver je crois. Il n’y a aucune raison valable ou suffisante. L’absurdité sera là toujours, et même si on s’interdit d’y penser, on saura toujours qu’elle rôde.

jeudi 24 juin 2010

Pourquoi est-ce que je tombe toujours dans l’excès ? Pourquoi est-ce que je suis hyperactive certains jours, et glisse ensuite vers la douleur, la tristesse profonde, l’angoisse permanente ? Les projets s’en vont, et plus rien ne cache la souffrance, je suis toujours aussi mal, désoeuvrée, désintéressée, vide. Je marche longtemps dans le 17ème alors que les gens rentrent chez eux, je fais le trajet à pied parce que je ne veux pas me retrouver chez moi, seule, la cuisine vide, les choses auxquelles je ne touche plus, la nourriture que je ne mange pas, la tristesse partout.
Agathe a essayé de me faire sourire, oh et puis j’ai l’air d’aller bien, juste un peu fatiguée, mais c’est toujours aussi écroulé à l’intérieur. Et je ne sais pas d’où peut venir la solution. Je cherche la nouveauté mais rien ne me semble tenir le coup. Rien qui vaille la peine.
Je crois que je me sens comme le prince Mychkine. J’ai un secret à porter, et je traverse ma vie dans la seule quête de la personne qui pourra entendre ce secret.

mercredi 23 juin 2010

Vendredi matin on était dans le jardin avec nos pains au chocolat, j’aurais dû aller aider ceux qui s’activaient depuis déjà deux heures, mais je crois que j’avais la bénédiction du monde entier pour prendre ce moment, le donner entier à M, et en recevoir toute la douceur. Force tranquille, souple et ferme, inaliénable douceur qui me protège.
Personne n’a le droit de me blesser mais la violence impose parfois la déchirure. Et comment reprendre pied ? Comment supporter cette douleur là ? Il y a des alliés qui m’entourent, il y a le refuge de la grande maison en pierre et les champs traversés sous le soleil avec Noroise, mais il n’y a qu’une chose à laquelle je sais me donner, en espérant me sauver : aller vers les autres. Retenir ceux qui vont encore plus mal que moi. Cacher les larmes contre ma poitrine quand les miennes sont à peine séchées. Jouer (encore, toujours jouer) à être la plus forte pour ne pas que crève la bulle qui enferme les mots « je suis la plus faible ». Au bout de la nuit, après des journées d’épuisement, alors que j’aimerais comme d’autres me laisser aller aux bras des garçons dans la grande obscurité sensuelle des discothèques, je suis là, every and each time, pour être celle qui soutient. Mon mal à moi se tait derrière celui des autres.
Parfois il y a un retour de ces mêmes personnes, parfois il n’y en a pas. Mais je crois, je sais, je suis presque sûre d’avoir les meilleurs appuis à mes côtés. Personne ne me laissera m’effondrer, il y aura quelqu’un, et je serai là aussi pour toi, et tout se tient. C’est infernal.

mardi 22 juin 2010

La déconstruction n’est pas achevée. Mais elle se fait avec moins d’angoisse. Les repères ? Ils continuent d’être absents, mais je n’y pense même pas, j’avance tant que je peux, lancée dans un beau projet de semaine artistique – j’y consacre mes jours, mes nuits, et j’oublie que parfois les bras de mon homme reviennent me manquer, qu’au delà je ne sais pas, que très peu de choses se dessinent. Je n’ai gardé que quelques moments pour emmener M à la Pâtisserie viennoise – depuis des mois je n’y avais pas mis un pied, rien ne change que la couleur des chemisiers. Comme d’habitude, de la quiche saumon-épinards, les pâtes de M étaient trop cuites et pas assez salées, de la forêt noire en dessert. Bon, c’était rempli à craquer d’étudiants hypokhâgneux ou sorbonneux et ce n’est pas trop ma tasse de thé en ce moment. Mais je retrouve aussi quelque chose de particulier dans le wagon de plus en plus bringuebalant de la Pâtisserie. Et puis les spaghettis al dente avec Virginie, les cigarettes roulées avec Louis j’en perds la tête, les lèvres de Guillermo. Je ne cherche pas le sens. J’avance.

dimanche 20 juin 2010

(je lis ça et souris.....)
J’étais une amoureuse permanente dont les amoureux étaient changeants.
Aujourd’hui j’oserais dire : je ne suis amoureuse de personne.
C’est au creux de la nuit, ce sont de grandes tasses de thé brûlant, le thé de Ceylan parfumé à la rose, à l’orange et à la pomme, celui que M. m’a ramené d’Allemagne. Je travaille presque correctement, dans mon pull noir de danseuse étoile, avec les Converse de ma soeur aux pieds, derrière mes lunettes qui me rendent plus sévère. Le travail et l’attention concentrée sur les textes de politique m’occupent suffisamment pour cacher le grand vide béant, comme si le trou laissé par la balle du revolver était recouvert d’un baume d’herbes : ça ne guérit pas la blessure de façon immédiate, mais ça en atténue lentement la douleur.
Je cherche cette douceur du baume, en attendant que la chair se reconstitue sous la peau enveloppe et que la vie reprenne.

jeudi 17 juin 2010

Ma soeurette rousse a accouché mardi matin d'une petite fille.
Merci aux nouveaux parents qui viennent de nous rajouter un peu de douceur au monde, et qui vont trimer pendant 20 ans pour que leur petit bout de douceur enrichisse l'humanité.
Chuis toute émue. J'adore les naissances.

Je suppose qu'il va falloir que j'arrête de lui envoyer des vêtements de grossesse.

lundi 14 juin 2010

Le vent avait chassé la pluie aux larges gouttes,
Le soleil s'étalait, radieux, dans les airs,
Et les bois, secouant la fraîcheur de leurs voûtes,
Semblaient, par les vallons, plus touffus et plus verts !

Je montai jusqu'au temple accroché sur l'abîme ;
Un bonze m'accueillit, un bonze aux yeux baissés.
Là, dans les profondeurs de la raison sublime,
J'ai rompu le lien de mes désirs passés.

Nos deux voix se taisaient, à tout rendre inhabiles ;
J'écoutais les oiseaux fuir dans l'immensité ;
Je regardais les fleurs, comme nous immobiles,
Et mon coeur comprenait la grande vérité !

samedi 12 juin 2010

Quelque chose de nouveau. Il fallait forcément reprendre depuis les fondations, fermer l’ancienne maison ou la laisser à l’abandon et bâtir quelque chose d’autre.
Ce sera quelque chose de plus facile à entretenir, et peut-être que je serai moins libre dans le choix des formes, des couleurs, des espaces, mais je n’ai plus tout à fait le temps de passer une nuit à faire des essayages de couleurs sur mon écran. Alors me voici prisonnière d’un blog, d’un modèle tout prêt – très adaptable, en réalité – et puis tant mieux, je pourrai mettre des liens partout, créer un fouillis de textes en tous genres, une jungle d’écriture en ligne.
Ca me plaît bien en fait, ce truc tout neuf alors que les personnes changent, alors que les envies d’écrire évoluent. Des textes très courts, des langues différentes, de l’humour dans les replis du tragique, de la légèreté. Un parcours à travers Internet, les sites et les articles traversés, les images absorbées, les mélodies retenues, les désirs éveillés – un vrai weblog en somme.