Bien sûr que j’ai toujours été trop sensible. Trop aimé, trop détesté, trop vite, trop fort, trop longtemps. Je continue à rire avec trop d’exubérance, à pleurer trop souvent, à réagir trop impulsivement. Et même si certains me considèrent comme folle, ou égoïste, ou excessive, j’ai déjà dit et écrit ailleurs que je ne remettrai jamais en cause cette ultrasensibilité. Parce que c’est parfois une force, et souvent une richesse de sensations à laquelle tout le monde ne prétendra pas.
Bien sûr j’ai aussi toujours adoré les types ultrasensibles. Ceux qui ont une folie proche de la mienne, des réactions aussi impulsives et emportées, ceux qui réfléchissent après coup, après que le corps a dicté le geste, après que le mal est fait quand parfois les choses n’arrivent pas comme on les aurait voulues – mais on n’y peut rien, c’est le corps qui l’a emporté.
Mon frère a lui aussi cette sensibilité – même s’il y fait moins attention, la cache et la minimise. Ma soeur non, je ne crois pas. Mon frère peut réagir à l’emporte-pièce, ne surtout pas réfléchir à après, et tomber amoureux, et envoyer une droite à un type qui n’a rien demandé, et me tenir serrée entre ses bras lorsque je ne retiens plus rien – visage mouillé, tête enfouie contre sa poitrine. Si je crois qu’il ne comprend rien parfois, parce que nos trois années de différence se ressentent, je sais aussi que cette sensibilité-là nous réunit.
Et bien sûr, si je tiens tant à A., c’est parce que mon frère et lui sont identiques, c’est parce que j’ai toujours retrouvé en A. la sensibilité jumelle, la folie des actes impulsifs, les idées dingues que l’on peut se mettre en tête, et l’égoïsme qui empêche de se mettre deux minutes dans la peau de l’autre. A. mon frère de sensibilité, bien sûr, tout le monde sait ça, et lui qui me le reproche, me traite de folle, parce qu’il se sait atteint de la même ultrasensibilité. Le mur qui se dresse aussi entre nous quand aucun ne veut céder, reconnaître l’erreur, tempérer son caractère.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire