jeudi 18 novembre 2010

L’honnêteté.


Sentir que l’honnêteté n’a pas été là. Sentir que toutes les réticences, toutes les résistances, tous les comportements inexpliqués venaient de là. Découvrir ce qui était caché, ou savoir seulement que quelque chose était caché – et ne plus pouvoir faire confiance. Lorsque j’avais fini par avouer à M que nous fréquentions le même garçon, j’avais été horrifiée par sa réaction. Cette violence, ce dégoût, cette impossibilité à me faire à nouveau confiance. J’avais beau dire – comment t’avouer, comment te dire la vérité, comment en deux mois trouver l’occasion, les mots, la motivation ? Elle avait raison de ne plus vouloir me faire confiance. Lorsque l’honnêteté a manqué, lorsque des choses fondamentales ont été cachées, lorsque des secrets ont longtemps été gardés, comment avoir confiance pour la suite ? Il a fallu du temps, il a fallu des mois, avant que la confiance ne revienne. A nouveau là aujourd’hui, mais est-ce exactement comme avant ? Je ferme les yeux et je laisse ma main à M pour me mener n’importe où, je suis aveugle près d’elle, mais ce n’est pas moi qui ai été abusée.

Je sais que les choses sont trop difficiles à révéler parfois. Je sais qu’on croit faire le moindre mal en laissant l’autre dans ses impressions, ses vérités, sans jamais détromper. Je sais à quel point l’aveu est difficile. Je sais la violence qu’il faut faire à soi-même. Je sais la douleur immédiate de l’autre qui reçoit la vérité. Mais il me semble pourtant, encore, que la vérité terrible et immédiate, qui vient comme une déflagration, vaut mieux que les journées, les semaines et les mois de malaise. Que la vérité vite avouée est une preuve de courage et d’honnêteté – alors que tout ce qui sera retardé, tout ce qui durera et s’éternisera, ne pourra rendre que plus forte la mise en doute le moment venu – « mais alors tous ces jours où ça n’allait pas, tous ces jours où le malaise régnait, tous ces jours de recul, de réticence, de résistance, tous ces jours ? l’honnêteté n’était pas là ? ». C’est tellement difficile ensuite de refaire confiance lorsque l’écart a existé. Le temps qu’il faut pour reconstruire, retrouver la confiance, céder à nouveau et se dévoiler. Je préfère la vérité brute, immédiate, sans précaution – à la vérité trop tardive, le doute qui s’est installé, la capacité qu’a eue l’autre à faire comme si, tout en gardant les secrets cachés.

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