vendredi 13 août 2010

L’inconnu me rassure.

Je suis allée à pied de la porte de Clignancourt jusqu’à la Gare de l’Est. Pas tout à fait de mon plein gré, mais parce que le métro ne fonctionnait pas. J’avais mes chaussures vernies de petite fille modèle habillée à l’anglaise, un peu comme celles de mon hypokhâgne. Les chaussures vernies c’est une longue tradition personnelle qui remonte, d’après ce qu’en raconte Maman, à mon émerveillement devant le vernis de ma première paire de babies, alors que je tenais à peine debout. 22 ans plus tard je suis toujours contemplative devant le vernis de mes chaussures à talons.
J’ai marché boulevard Ornano et boulevard Barbès à travers les vitrines africaines et indiennes : 6 euros le kilo de pistache, des tajines ébréchées, des morceaux de tissus et des robes de mariée. Il y avait des enfants sur des trottinettes, des vélos lancés à toute allure sur les pistes cyclables et dont les sonnettes se déchaînaient à l’approche des carrefours. Depuis longtemps je n’avais pas regardé Paris avec les yeux si grand ouverts. Paris la nuit, les ponts enjambant la Seine, les vitrines décorées du Bon Marché : ça ne me parle plus. Tout est vide, ou rempli de creux. Les défilés de mode de Saint Germain des Prés ça n’est plus pour moi. Il faut que je puisse vivre dans l’indifférence des minettes parisiennes, alors oui d’accord pour parcourir Saint Germain au bras de mon amant, mais autrement je ne peux pas être seule dans une ville si figée, il faut le monde et le fourmillement et la simplicité évidente autour de moi. Paris n’est qu’une ville pour amoureux.
J’étais heureuse de marcher sous le ciel si bleu, c’était presque un signe de bon augure. Je me suis levée encore happée par un garçon qui me conquiert au travers de mes rêves. Je souriais toujours enveloppée de la même douceur retrouvée. J’avais dit que la rupture ne durerait que le temps de l’automne ; l’automne comme cimetière des cœurs brisés est terminé. L’hiver arrive. Il fait froid et mes mains sont sèches. Aujourd’hui, je vais mieux. Aujourd’hui, je me laisse remplir par les prémisses d’un désir inconnu.

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